La DSI schizophrène : réduire les coûts et investir dans le numérique

DSI, transformer et innover tu feras… mais réduire les coûts tu feras également. Mais que le DSI se rassure, aux méthodes classiques d’économies s’ajoutent notamment le Cloud et le DevOps. Objectif : dégager des ressources pour investir (IoT, Big Data, mobilité, agilité…). Les DSI d’Engie, Total et Société Générale témoignent.

La DSI a senti passer le vent du boulet. Du moins, à ce qu’il paraît. Faute de s’adapter, elle aurait pu être évincée, accusée qu’elle était de n’être qu’un centre de coûts et par sa rigidité incapable de participer à la transformation numérique des organisations.

Comme toujours, la réalité est un peu plus nuancée et la direction des systèmes d’information reste dans la partie. Une autre chose que la « digitalalisation » n’a pas remise en cause, c’est l’exigence de rationalisation.

« Nous avons consolidé, virtualisé, outsourcé, massifié les contrats »

La réduction des coûts est toujours d’actualité et il est demandé aux DSI de continuer à faire des économies, en particulier sur le legacy, afin de réinvestir dans le numérique. « On est un peu pris en tenaille entre cette schizophrénie d’économie et de réinvestissement en même temps » témoigne le DSI de Total, Frédéric Gimenez.

Faire des économies, les DSI de grands groupes connaissent. Il y a ainsi les grands classiques. « Nous avons consolidé, virtualisé, outsourcé, massifié les contrats » liste par exemple le responsable du groupe pétrolier.

Une grande filiale IT a été mise en place réunissant toutes les activités transverses du groupe. Celle-ci compte plus de 500 personnes et représente environ 40% des dépenses. « Ils ont une force de frappe énorme en sourcing (…) Nous n’avons plus qu’un contrat SAP monde, un contrat d’infogérance monde pour toutes nos infras ».

Et pour Frédéric Gimenez, il sera difficile de faire plus. Total espère néanmoins que les géants de l’externalisation, grâce à l’automatisation, pourront encore réduire les coûts. « Il va falloir passer sur des choses plus en rupture. »

La migration de l’infrastructure sur AWS ou Microsoft est évoquée comme une piste. Le Cloud est envisagé pour sa dimension économique, mais aussi pour la « variabilité » qu’elle permet. Toutefois, une telle évolution pose de nouvelles questions, en particulier en matière de sécurité, mais aussi de compétences en interne.

Pour le directeur des infrastructures informatiques de la Société Générale, Carlos Goncalves, trois axes permettent de gagner en efficacité : la gestion du portefeuille de projets (les projets sont découpés et dégagent de la valeur), le DevOps (être agile en mode continuous delivery) et le Cloud.

« Le cycle en V et le waterfall mettent au centre le contrat. Pour le continuous delivery, c’est la valeur. On se moque du contrat. Ce qui importe c’est de délivrer la valeur pour le client. Si le contrat est faux, alors il faut le changer » commente le responsable de la banque.

Investissements : agilité, IoT, Big Data, compétences humaines…

Le Cloud contribuera lui notamment au niveau de l’automatisation. Le CDO d’Engie, Yves Le Gelard, confirme. « On a pas exploité tout le potentiel du Cloud » juge-t-il. Pour y remédier, l’industriel a adopté une approche « Cloud first » pour ses projets.

Mais que faire ensuite de ces économies ? Dans quels domaines investir ? Chez Engie, c’est dans le Big Data/Analytique, la mobilité et l’Internet des objets. « Pour nous, l’aventure digitale, c’est l’Internet des objets. C’est sur ces projets que nous concentrons nos investissements. L’IoT est au monde de l’industrie ce que le blockchain est à celui de la banque et des services financiers »

La banque justement. En matière d’investissements, Carlos Goncalves cite l’agilité, le continuous delivery et le Cloud. Déjà dotée d’un Cloud privé, la Société Générale fera très bientôt (d’ici la fin 2016) ses débuts dans le Cloud public avec AWS et Microsoft Azure.

« J’en rajoute quatre autres : l’agilité dans l’architecture elle-même. On peut aller chercher du time-to-market en transformant nos applications en services. Deux, la data, la connaissance de nos clients. Trois, l’expérience utilisateur qui doit être unique quel que soit le service de la banque. Dernier point, la sécurité. » Il en rajoutera finalement un autre : les personnes. La banque recrute ainsi pour faire entrer des compétences en son sein.

De son côté, Total investit sur la base de son métier : l’exploration pétrolière. Cela passe notamment par des investissements dans le calcul haute performance (infrastructure et développement). S’y ajoutent des projets sur les plateformes marketing afin de valoriser les données, le paiement mobile et la performance industrielle au travers de l’IoT (maintenance prédictive, virtual plant…).

http://www.zdnet.fr/actualites/la-dsi-schizophrene-reduire-les-couts-et-investir-dans-le-numerique-39845298.htm

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