Pourquoi Amazon et Microsoft vont ouvrir leurs data centers en France

Ces « data centers » verront le jour en 2017. Les deux rivaux dans le cloud entendent ainsi renforcer leur position sur le marché français.

Le D-Day semble venu sur le ­marché du cloud français. A cinq jours d’intervalle, les deux colosses des infrastructures cloud, Amazon Web Services (AWS) et Microsoft, ont annoncé qu’ils allaient ouvrir leurs premiers « data centers » dans l’Hexagone dès 2017.

C’est le groupe de Jeff Bezos qui a tiré le premier, la semaine dernière . La France va devenir le quatrième pays européen où AWS possède des infrastructures en propre, après l’Irlande, l’Allemagne et bientôt le Royaume-Uni. Lundi, Microsoft a dégainé à son tour . La France sera la troisième couverte sur le sol européen en « data centers » par la firme de Redmond, après l’Irlande et les Pays-Bas.

Le groupe a dépensé plus de 3 milliards de dollars dans ses infrastructures en Europe, dont 1 milliard l’an dernier, a indiqué son patron, Satya Nadella. « Ces inves­tissements vont continuer », a-t-il précisé. En juin dernier, déjà, Salesforce avait annoncé qu’il ouvrait son premier « data center » en France, en s’appuyant sur les infrastructures d’Interxion, qui travaille avec les géants de l’Internet.

Améliorer les performances et rassurer les clients

« La France est aujourd’hui un ­marché clef pour ces acteurs », fait valoir Emmanuelle Olivié-Paul, directrice associée de la société d’études ­Markess, qui prévoit pour le cloud en France un chiffre d’affaires global de 6,4 milliards d’euros cette année (infrastructures, plates-formes et services en ligne) et qui grimpera à 9 milliards en 2018. « Sur cette période, la part du cloud d’infrastructure [« infrastructure as a service », ou IaaS] va passer de 37 % à 41 % », précise-t-elle.

Mais les géants du cloud étaient déjà bien implantés dans l’Hexagone. Pourquoi de telles annonces ? D’une part, cela va leur permettre d’améliorer la performance du service fourni en raccourcissant le chemin parcouru par les requêtes, et donc le temps de latence.

Surtout, cela vise à rassurer leurs clients actuels et surtout potentiels sur la question sensible de la localisation des données. « Pour tout ce qui est marché public et parapublic, il est compliqué pour eux de se développer sans montrer patte blanche », estime Henry-Michel Rozenblum, délégué général de l’association EuroCloud France.

Pour ces groupes, un tel déploiement est aussi une manière de se positionner dans ce débat sur le lieu de stockage des données. « L’UE va vers un durcissement de la législation à ce niveau-là, et ces groupes savent qu’à terme ils n’auront pas le choix. Soit ils abandonnent le marché européen, qui représente tout de même 500 millions de personnes, soit ils ouvrent des “data centers” pour y héberger leurs données provenant de l’UE », tranche Marc-Antoine Ledieu, avocat au barreau de Paris et spécialiste des nouvelles technologies.

Les acteurs français du cloud, de leur côté, perdent là un avantage différenciant par rapport à AWS, Microsoft et Salesforce. « Le Patriot Act [devenu en 2015 le Freedom Act, NDLR] est toujours en vigueur aux Etats-Unis et concerne toutes les entreprises américaines, même si elles ouvrent des “data centers” ici », tempère un bon connaisseur du secteur. Traduction : la ­justice américaine peut encore réclamer un accès à toute les donnée hébergée par un opérateur de service. Toute opération séduction a ses limites.
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